Elle permet à certains travailleurs handicapés, qu’ils soient dans le Secteur privé, dans la Fonction publique ou Indépendants, de partir avant l’âge légal de 62 ans, sans décote et sans être pénalisés par une carrière plus courte. En effet, la Caisse de retraite appliquera une majoration pour compenser les trimestres manquants.

Mais attention, les Caisses de retraite complémentaire, malheureusement, n’appliquent toujours pas de majoration pour compenser le départ anticipé.

1) Les conditions à remplir

Jusqu’à la loi n° 2014-40 du 20 janvier 2014, pour pouvoir bénéficier de la retraite anticipée pour handicap et partir sans décote avant l’âge légal, le travailleur handicapé devait justifier :

  • d’une RQTH ou d’un taux d’incapacité permanente d’au moins 80 %
  • et d’une certaine durée d’assurance concomitante avec son handicap

Depuis, il y a eu des changements. Il faut désormais remplir les conditions suivantes :

  • avoir une incapacité permanente d’au moins 50 %
  • et justifier d’une certaine durée d’assurance dont un certain nombre de trimestres cotisés, qui dépendent de l’année de naissance et de l’âge choisi pour partir.

Chacun doit donc se renseigner pour son propre cas (voir tableau ci-dessous)

 

Durée d’assurance nécessaire pour partir à la retraite anticipée au titre du handicap

Année de naissance

Âge de départ à la retraite envisagé

(minimum)

Durée totale d’assurance

(en trimestres)

Durée d’assurance cotisée

(en trimestres)

1954

À partir de 59 ans

85

65

1955, 1956 ou 1957

58 ans

96

76

À partir de 59 ans

86

66

1958, 1959 ou 1960

55 ans

127

107

56 ans

117

97

57 ans

107

87

58 ans

97

77

À partir de 59 ans

87

67

1961, 1962 ou 1963

55 ans

128

108

56 ans

118

98

57 ans

108

88

58 ans

98

78

À partir de 59 ans

88

68

1964, 1965 ou 1966

55 ans

129

109

56 ans

119

99

57 ans

109

89

58 ans

99

79

À partir de 59 ans

89

69

1967, 1968 ou 1969

55 ans

130

110

56 ans

120

100

57 ans

110

90

58 ans

100

80

À partir de 59 ans

90

70

1970, 1971 ou 1972

55 ans

131

111

56 ans

121

101

57 ans

111

91

58 ans

101

81

À partir de 59 ans

91

71

À partir de 1973

55 ans

132

112

56 ans

122

102

57 ans

112

92

58 ans

102

82

À partir de 59 ans

92

72

 

2) La suppression du critère RQTH — Ses conséquences

Toutes les périodes validées par le critère RQTH jusqu’en décembre 2015 restent acquises (les années 2014 et 2015, années de transition, sont aussi prises en compte pour le critère RQTH).

S’il y a des années manquantes pendant ces périodes, certains travailleurs handicapés pourront recourir au décret n° 2017-999 du 10 mai 2017 permettant de les faire valider, sur la base des dossiers médicaux anciens. Mais les conditions sont très restrictives ainsi que le relève le CDTHED :

Retraite anticipée des travailleurs handicapés : un décret qui fait plouf  !

On pourra éventuellement recourir à la voie judiciaire avec un avocat, après avoir tenté un recours amiable :

Retraite des travailleurs handicapés et procédures judiciaires : quelques conseils...

En revanche, à partir du 1er janvier 2016, le critère RQTH n’est plus retenu. Il faut impérativement pouvoir justifier d’un taux d’incapacité permanente (IP) d’au moins 50 %. Or la CDAPH ne fournit un taux d’IP que pour motiver l’attribution ou le refus de la carte d’invalidité (taux d’IP de 80 %) qui conditionne l’attribution éventuelle de l’AAH.

Nous conseillons donc de faire une demande d’AAH « pour restriction substantielle et durable d’accès à l’emploi » et de carte d’invalidité, auprès de la MDPH (toujours en recommandé avec accusé de réception), même si a priori vous n’y avez pas droit. La réponse pourra être :

1) Bingo, la CDAPH vous attribue un taux d’IP de 80 % avec notification d’AAH dont le montant s’élèvera éventuellement à 0 € (la CAF fixe le montant d’après les ressources) et avec notification d’une durée de validité. Il faudra bien penser, avant l’échéance, à renouveler la demande. Il faudra conserver précieusement toutes ces notifications.

2) La CDAPH vous notifie un refus de carte d’invalidité et d’AAH, au motif que le taux d’IP attribué est compris entre 50 % et 79 %. C’est une bonne nouvelle puisque vous pourrez produire cette notification le moment venu à votre Caisse de retraite. Mais cette notification ne comporte pas d’indication de durée (sauf cas exceptionnel) et n’est donc valable que pour l’année de la demande. Il faudra, chaque année, renouveler cette demande.

3) La CDAPH vous notifie un refus de carte d’invalidité et d’AAH, au motif que le taux d’IP attribué est inférieur à 50 %. Nous déconseillons d’engager un recours gracieux devant la CDAPH qui confirme en général son 1er avis. Il vaut mieux tenter directement un recours au TCI (Tribunal du Contentieux et de l’Incapacité). Ce recours est lui aussi gratuit et vous pouvez vous faire accompagner par une personne de votre choix, qui peut-être un parent, un ami, un représentant d’association ou un avocat.

Si vous êtes encore débouté, vous pourrez éventuellement renouveler votre demande si votre handicap s’aggrave.

La suppression du critère RQTH est un coup dur pour de nombreux travailleurs handicapés à qui on a fait miroiter l’espoir de pouvoir prendre une retraite anticipée et qui devront travailler 7 ans de plus faute d’avoir les bons justificatifs. Elle est carrément dramatique et injuste pour les jeunes qui arrivent ou arriveront sur le marché de l’emploi, d’autant qu’ils ne sont pratiquement jamais informés sur les mécanismes de la retraite.

 

Sources officielles :

Retraite anticipée des travailleurs handicapés

Retraite anticipée pour handicap d'un salarié du privé

Retraite anticipée pour handicap dans la fonction publique