Retraite et AAH

À l’âge de 62 ans, les allocataires AAH ayant travaillé, même si ce n’est que quelques mois, doivent obligatoirement liquider leurs droits à la retraite. Ils s’exposent sinon à voir leur AAH suspendue et les mois de suspension seront perdus.

La CAF, normalement, doit vous prévenir avant de suspendre les versements, lesquels ne reprendront que lorsque le montant de la retraite sera connu. Nous vous conseillons d’anticiper en déposant votre dossier auprès de votre Caisse de retraite 6 mois avant vos 62 ans.

  • Si vous avez un taux d’invalidité de 80 % ou plus, vous pourrez conserver vos droits à l’AAH et toucherez donc votre retraite complétée d’une AAH différentielle pour un total de 810, 89 € (montant actuel).
  • Si votre taux d’invalidité est inférieur à 80 %, vous perdrez vos droits à l’AAH. Vous toucherez votre retraite et un complément d’ASPA (récupérable sur succession) pour un total de 803, 20 € (montant actuel).

Pareillement, à 62 ans, les allocataires AAH n’ayant jamais travaillé doivent désormais justifier qu’ils n’ont pas droit à une pension de vieillesse. Pour cela, ils devront déposer une demande unique de retraite personnelle auprès de la CARSAT.

Là aussi, attention aux délais, n’attendez pas le dernier moment sous peine de suspension des versements d’AAH.

Attention :

Depuis le 1er juillet 2020, il est prévu que les allocataires AAH basculent automatiquement à la retraite à l’âge légal avec éventuellement un complément soit d’AAH (si leur taux d'IP est d’au moins 80 %) soit d’ASPA (si leur taux d'IP est d’au moins 50 %).

Cette bascule automatique permettra aux personnes handicapées allocataires de l’AAH, notamment celles qui ne travaillent plus ou qui n’ont jamais pu travailler, de ne pas avoir à faire de démarches vis-à-vis de la CAF et donc ne risqueront plus, comme c’était souvent le cas, de se retrouver brutalement sans allocations.

Cette bascule automatique est soumise à l’accord de l’allocataire, 6 mois avant ses 62 ans. L’allocataire qui travaille peut choisir de continuer à travailler après 62 ans et donc ne pas liquider sa retraite.

Restez toutefois vigilants, le temps que la réforme se mette en place. Si vous n'avez pas de courrier de votre CAF, 6 mois avant vos 62 ans, prenez les devants et informez-vous auprès d'elle. Sans réponse, déposez votre demande de retraite par précaution.

La retraite du travailleur handicapé en ESAT 

Tant qu’il travaille, le travailleur en ESAT touche : un salaire de base, une aide au poste et un complément d’AAH pour un total de 100 % du SMIC (130 % pour un couple, plus éventuellement 15 % par enfant à charge). Donc la référence est le SMIC c’est-à-dire 1480,27 euros (SMIC brut actuel).

À la retraite, ses revenus vont baisser beaucoup plus que pour un travailleur en milieu ordinaire. Le montant de sa retraite sera calculé, en suivant les règles du régime général du secteur privé, uniquement à partir de son salaire de base et de l’aide au poste (en clair, ce qui apparaît sur la fiche de paie, au grand maximum 800 euros et des brouettes, montant brut). Le complément d’AAH est une aide, pas un salaire et n’est donc pas pris en compte. Le montant de sa retraite sera par conséquent très faible et lui donnera droit à un complément d’AAH pour un total ne dépassant pas 100 % de l’AAH (et non plus du SMIC). Donc la référence sera l’AAH c’est-à-dire 810, 89 euros (montant pour une personne seule).

Pour lui, la question peut se poser de l’âge de départ à la retraite.

Qu’il prenne sa retraite à 62 ans (âge légal) ou à 55 ans (retraite anticipée), le montant de ses revenus sera le même, car le complément d’AAH auquel il aura droit viendra combler la différence et il touchera dans les deux cas un total égal à 100 % de l’AAH.

Il décidera selon son état de forme et en tenant compte de la baisse de son niveau de vie.

S’il est fatigué ou plus du tout motivé par le travail et ses contraintes, la retraite anticipée va lui permettre de passer à autre chose, se ménager et prendre soin de lui et de ses proches.

S’il peut continuer à travailler dans de bonnes conditions, il peut avoir intérêt à retarder son départ de quelques années pour conserver un peu plus longtemps son niveau de vie parce qu’il va quand même y perdre gros (on passe d’une référence au SMIC à une référence à l’AAH).

La retraite du travailleur handicapé dont la durée d’assurance est trop courte

C’est le cas, par exemple, des personnes qui n’ont pu accéder que tardivement à un emploi ou encore qui sont devenues handicapées au cours de leur carrière. Elles n’auront pas le temps de valider suffisamment de trimestres avant l’âge de 62 ans et devront de ce fait renoncer à la retraite anticipée.

Si elles peuvent rester au travail jusqu’à 62 ans, elles demanderont alors leur retraite, sans décote si leur taux d’IP est au moins de 50 %, mais aussi sans aucune majoration pour compenser leur carrière trop courte. Leur retraite sera donc amputée par rapport à une retraite complète.

Si elles sont contraintes de s’arrêter avant l’âge de 62 ans, après épuisement de leurs droits à maladie simple et longue maladie, elles partiront à la retraite pour invalidité. Cette retraite sera aussi amputée par rapport à une retraite complète.

La majoration pour tierce personne

Cette majoration pour tierce personne (MTP) est attribuée par les Caisses de retraite aux assurés : 

  • titulaires d’une retraite au titre de l’inaptitude au travail ou substituée à une pension d’invalidité
  • et qui ont besoin de l’assistance d’une tierce personne pour accomplir les actes essentiels de la vie tels que se lever, se coucher, se vêtir, se mouvoir, manger, satisfaire ses besoins naturels.

L’assuré qui ne peut pas travailler sans nuire gravement à sa santé, et se trouve définitivement atteint d’une incapacité de travail médicalement constatée de 50 % (taux évalué par la Sécu et non par la MDPH), est considéré inapte au travail dès l’âge légal de départ à la retraite. C’est le cas par exemple des allocataires AAH, très handicapés, qui ont travaillé même très peu.

Bien sûr, vous ne pourrez pas cumuler MTP et ACTP (Allocation Compensatrice pour Tierce Personne, versée par le Département), l’une remplace l’autre. Elles sont toutes les deux non imposables, mais la MTP a deux avantages : son montant maximum (1107,49 €) est supérieur à celui de l’ACTP (886 €) et elle ne nécessite pas de justifier de son effectivité, contrairement à l’ACTP.

Si vous percevez la PCH pour aide humaine, la MTP va se substituer à elle. Mais vous pourrez éventuellement percevoir, en plus de la MTP, une PCH différentielle si vos besoins en aide humaine sont importants. Dans ce cas, vous devrez justifier de l’ensemble de vos dépenses.

En revanche, il est tout à fait possible de percevoir la MTP et de continuer parallèlement à bénéficier de la PCH pour aide technique.

Vous pouvez demander la majoration pour tierce personne en même temps que votre retraite ou par simple lettre accompagnée d’un certificat médical. Attention, cela ne marchera pas si vous avez demandé la retraite anticipée pour handicap, vous bénéficierez alors d’une majoration pour compenser votre carrière plus courte, mais vous ne pourrez pas obtenir la MTP. Il faut faire ses comptes et choisir.

NB : La MTP peut être perçue également par des salariés titulaire d’une pension d’invalidité, mais encore en activité. Par ailleurs, il existe aussi une MTP dans la Fonction publique.